Le lendemain, nous sommes partis après le petit-déjeuner pour visiter un projet situé dans le bidonville de Mathare au sud-est de Nairobi. Dans ce bidonville vivent environ 90.000 personnes sur à peine quelques km². Ce fut pour moi un réel choc de voir à quel point les conditions de vie y sont misérables : pas de sanitaires, à peine un abri qui protège les habitants… Les déchets sont tout simplement entassés en pleine rue. L’odeur nauséabonde vous coupe le souffle. Inutile de dire que toute maladie contagieuse peut se propager très vite dans des conditions aussi abominables. Les habitants essaient de gagner leur vie avec de petits étals où ils vendent des fruits, légumes, vêtements etc.

Le projet « Mathare » est pris en charge par Médecins Sans Frontières France et Corine, « Coco » pour les amis, est la responsable du projet. Elle est très motivée et réalise un véritable travail de pionnier. Diriger un tel projet ne nécessite pas seulement des capacités de direction et un réel sens de l’organisation , il faut aussi savoir motiver son équipe, se fixer des priorités, déterminer les besoins, être vigilante en toutes circonstances et entretenir de bons rapports avec par exemple le ministère de la santé publique.

Coco est responsable de trois cliniques dont une a été construite récemment par l’état. A l’entrée de toutes ces cliniques, des gardiens non armés assurent la sécurité. Je tenais à décrire en quelques mots ces trois cliniques :

  1. Hôpital pour des victimes de violences sexuelles, pour le traitement et la prévention du VIH, muni d’un service d’urgence

Depuis 2008, MSF y prodigue des soins médicaux et un soutien psychologique pour des personnes / enfants victimes de violences sexuelles. Chaque mois, des dizaines de personnes – dont plus de la moitié sont encore des enfants – s’adressent au centre. Par an, leur nombre s’élève à environ 1.500 patients. Il s’agit dans plus de 60% des cas de jeunes femmes de moins de 18 ans.

Au sein de l’hôpital, on retrouve également un service d’urgence pourvu d’ambulances. Les patients ont le choix de se rendre directement au centre, ou de se faire soigner à domicile;  ils peuvent aussi être emmenés par ambulance à l’hôpital.

Le traitement et la prévention du VIH et du sida est une autre activité importante dans cet hôpital. Une des tâches principales de Médecins Sans Frontières au Kenya et en Afrique en général est de rendre le traitement du sida accessible à tous et dans ce centre comme ailleurs, les médicaments contre le VIH sont fournis gratuitement.

Cet hôpital est modeste et bien moins moderne que chez nous, mais est tout de même équipé du matériel nécessaire pour pouvoir soigner les patients rapidement. Outre quelques espaces de consultation et quelques bureaux, il y a quelques lits pour soigner des urgences. L’objectif de ce centre est avant tout de fournir gratuitement les premiers soins et le traitement médical.

  1. Green house

L’hôpital Green house est un centre de dépistage de la tuberculose. Les cas les plus graves sont traités sur place. Il s’agit d’un traitement très long (deux ans) et très coûteux (peut s’élever jusqu’à 30.000 euros/patient). Les patients doivent prendre jusqu’à 20 comprimés par jour qui contiennent une préparation spécialement conçue pour guérir cette maladie.

Dans ce centre, une infirmière allemande est responsable et gère une équipe multiculturelle dans laquelle différentes ethnies et religions sont représentées – chose très importante pour pourvoir atteindre toute la population.

La tuberculose est, tout comme le VIH/sida, une maladie chronique qui, dans les bidonvilles, pourraient se répandre très vite si des organisations telles que MSF ne fournissaient pas les soins médicaux gratuitement.

  1. Nouvelle clinique « Mama Lucy »

Ce nouvel hôpital a été construit par le ministère de la santé publique. Les Médecins Sans Frontières y ont non seulement ouvert un service d’urgence pour l’accès gratuit aux premiers soins, mais y tiennent également une aile séparée où des patients atteints du choléra sont traités.

Récemment, le choléra s’est à nouveau répandu dans les bidonvilles. Cette maladie est très contagieuse mais peut être guérie assez facilement si elle est traitée rapidement.

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